FRANÇOIS GANE

LO CONTEFABLA

LA CLAU LEMOSINA Premier trimestre 1993.

Nos remerciements à Mr Yves Lavalade et à LA CLAU LIMOSINA  pour nous avoir permis de vous présenter les œuvres de Mr François Gane,

à la famille,  a Mr Robert Gane ainsi que Mme Josette Gane.

Fables  enregistrées et traduites par Yves Lavalade.

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PRÉFACE

          Nous étions quelques-uns à savoir que mon oncle François GANE adaptait en "patois" limousin les fables que nous apprenions à l'école. Parfois, mais rarement, il nous disait une de ses œuvres. Rarement, parce que, à l'époque, il n'était pas bien vu de parler "patois" aux enfants, la seule langue française étant considérée comme langue de culture. Cependant, nos vacances dans la Montagne limousine baignaient dans ce langage et, Dieu merci, nous avons pu en apprendre suffisamment pour que l'envie nous vienne d'en connaître plus sur ce que, depuis, nous avons su être la Langue d'Oc.

         François GANE est né en 1886 à La Ribière, dans la commune de Nedde - Haute-Vienne- . Il était l'aîné d'une famille de huit enfants. Après de bonnes études classiques, il s'engagea dans l'armée par devancement d'appel et, reçu à l'Ecole de Saint-Maixent, il devint officier. En 1914, la guerre le trouva à Maubeuge rapidement assiégée par les Allemands. Fait prisonnier avec toute la garnison, il connut la captivité et commença alors à écrire ses premiers vers en langue limousine. La paix revenue, il poursuivit une carrière militaire et s'éleva dans la hiérarchie. En 1939 il était colonel et la campagne s'acheva pour lui par une blessure et une nouvelle captivité.

Admis à la retraite il se fixa à Toulouse, mais chaque année le voyait revenir en Limousin où il passait régulièrement la belle saison dans la demeure familiale de sa femme à Villevaleix-le-Soleil près de l'Eglise-aux-Bois. Il faisait aussi de fréquents séjours à Sainte-Anne- Saint-Priest où s'était fixée sa famille paternelle. Il mourut à Toulouse en 1975 et repose aujourd'hui dans le petit cimetière de l'Eglise aux-Bois.

Son œuvre est importante par sa qualité. François GANE maniait la langue : limousine avec amour et respect. A une époque où le "patois" était assez communément méprisé, il a su, tout en restant "populaire", faire la preuve de la noblesse et de la beauté de sa langue première. Il s'est surtout consacré à l'adaptation de fables, prenant son inspiration dans les auteurs du passé, comme d'ailleurs ceux-ci l'avaient fait avec leurs prédécesseurs. Nul doute que son œuvre restera comme un monument de la littérature occitane et un incomparable document sur le parler de la "Montagne limousine".

François GANE était conscient de la nécessité de retrouver pour sa langue une graphie cohérente. Fidèle aux vœux de son père, Monsieur Robert GANE a bien voulu confier au Cercle Limousin d'Etudes Occitanes le soin d'assurer l'édition des textes que nous vous présentons. Qu'il en soit remercié.


                                                                                                                                       G-R.GANE

LA LANGUE


        Comme chacun le comprendra, les fables de François GANE ne se présentaient pas formellement sous l'aspect qu'elles ont ici. Écrites "phonétiquement" en s'inspirant des habitudes de l'écrit français, elles se devaient de recouvrer leur habit naturel en bonne graphie occitane. Le maximum a été fait pour respecter l'auteur. Le lecteur cependant peut être par moments surpris; aussi lui devons-nous quelques indications simples et fondamentales dont il tiendra compte dans la lecture à haute voix en particulier.

        Concernant la métrique et la longueur, variable ou régulière, des vers il est très important de pratiquer les ellisions ou les syncopes habituelles du langage courant, de garder les nombreuses synalèphes dialectales ; tout cela étant garant d'un rythme où le rôle de la place de l'accent tonique est déterminant, associé à des prononciations locales. C'est ainsi que dira, fiera, primi'era rimeront, grâce au i tonique et long; que chamin, primÍera,amia, après granier feront de même.

        Que pourront être associés à la rime: einocenta I tentat ; garda I gardat ; rota / costat; marca~/ embarcat...; grâce à la régression normale de la tonique et à la prononciation en o fermé du a atone.

        Cette "rime phonétique " est également juste, malgré les apparences écrites, dans:

                  - pondut / conduch

                  - picat / còp f

                  - fais / puègs

                  - testa, vita, sieta, festa... ;

                  - ainsi que pour les finales en "io" :

                  - estiu, iu, adiu, condicn, pervesion, auseu, vedeu, 'ribet-eu, uòu...

L'on s'aperçoit ainsi qu'est tout à fait latente l'authenticité très enracinée d'un parler montagnard limousin; qui ne se dissocie en rien du haut-limousin linguistique; qui s'inscrit naturellement dans l'écharpe nord-occitane (limousin, auvergnat, vivaro-alpin ) et qui acquiert par là-même droit de cité et de circulation dans tout le domaine de notre langue d'Oc et bien au-delà de ses vastes frontières.

l.L,

© 2014 Jean Delage